Les pièges de l’union nationale

Face aux crimes du fanatisme, ces derniers jours ont vu fleurir des réactions populaires spontanées qui, de rassemblements en dessins, de bougies en paroles, ont su mêler à la douleur du deuil le réconfort, l’espoir et la combativité pour des valeurs dignes d’être défendues. La société civile française, bientôt imitée partout dans le monde, a montré sa capacité de résilience. Nous avons tous ressenti le besoin de nous retrouver, de nous regarder, de nous tenir près. Et sans doute, de marcher ensemble, partout, comme une impérieuse nécessité. Mais pas dans l’« union nationale ». Lire la suite Les pièges de l’union nationale

L’essor du capital fictif : comment la finance s’approprie notre avenir collectif

Les économies du Nord dépriment, la croissance stagne, le nombre d’entreprises chute, le chômage et les inégalités augmentent, le nombre de pauvres aussi, mais la finance semble se porter mieux que jamais : les actionnaires du monde entier devraient en effet recevoir 133 milliards de dollars de plus en 2014 qu’en 2013, soit un record de 1 190 milliards de dollars de bénéfices redistribués par 1 200 entreprises cotées, et le nombre de multimillionnaires n’a jamais été aussi élevé. Cependant que depuis quelques semaines, se répand la rumeur d’une nouvelle crise financière mondiale imminente. Lire la suite L’essor du capital fictif : comment la finance s’approprie notre avenir collectif

Quand les entreprises rackettent les personnes détenues (avec l’assentiment de l’État)

Parmi les mille et un renoncements de la gauche néolibérale au pouvoir, il faut mentionner la politique pénale – et plus particulièrement la gestion du milieu carcéral, qui reste désastreuse. Une zone obscure – « case noire » dira Michel Foucault au moment de créer, dans les années 1970, le GIP avec Gilles Deleuze – où, en plus des multiples négations de la dignité humaine maintes fois relevées par la Cour européenne des droits de l’homme (surpopulation chronique, mauvaises conditions de détention, traitement des mineurs), sévit le racket éhonté des personnes détenues par de grandes firmes privées. Or, pour la première fois, la ministre de la Justice déclare officiellement s’en accommoder. Lire la suite Quand les entreprises rackettent les personnes détenues (avec l’assentiment de l’État)

La révocabilité des élus : une mesure subversive

Dresser l’inventaire des trahisons de François Hollande est périlleux tant il est interminable. Ce n’est toutefois pas inutile, dans la mesure où la plupart des grands médias rechignent à lire la politique sous l’angle du respect des promesses de campagne, puisqu’il impliquerait qu’ils se placent dans une perspective critique et trahissent la norme conservatrice et le relai aveugle de sa doxa qui régissent leur jeu (« Le spectacle se présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. Il ne dit rien de plus que « ce qui apparaît est bon, ce qui est bon apparaît ». L’attitude qu’il exige par principe est cette acceptation passive {…}. » nous rappelle Guy Debord). Mais de ces observations pouvoir tirer un geste politique dont le régime soit comptable, voici la vraie question. Lire la suite La révocabilité des élus : une mesure subversive

Low Roar, murmures volcaniques

Article paru sur DumDum.fr

Low Roar est le projet du chanteur-compositeur Ryan Katazija, autrefois membre de Audrye Sessions, groupe américain tendance rock indé. Katazija quitte la Californie et San Francisco après la séparation du groupe, en 2011, pour s’immerger dans les froides ambiances islandaises. Il compose alors un premier album seul, bricolé sur son ordinateur, où il débite son spleen, en utilisant les figures classiques du déracinement, la douce amertume des premières solitudes, l’incertitude des contacts esquissés, avec une sensibilité simple mais d’une remarquable profondeur. Lire la suite Low Roar, murmures volcaniques

Pour une République du temps retrouvé

Déclaration parue sur le site du M6R

Retrouver le temps de se retrouver. Voilà le mot révolutionnaire.

La délégation accordée, la belle tension du suffrage, s’est changée en dépossession à mesure que les institutions se sont éloignées de nous, et nous avons perdu la joie des batailles dans la bouillie des rancœurs. Les divers trucages de la société du spectacle ont changé les discours en mauvais tours, et nous avons perdu l’esprit des mots dans la fange des insultes. Les percées répétées du capitalisme ont disloqué la société, et nous avons perdu l’envie des autres dans le fer des identités. La jungle économique infiltrée partout a réduit l’horizon de nos vies, et nous avons perdu le goût du futur dans la quotidienneté poussiéreuse. Le règne étendu de la propriété privée a détruit les solidarités matérielles, et nous avons perdu le sens du travail collectif dans l’angoisse du tous contre tous. Le productivisme échevelé déplace le niveau des mers, mais nous avons perdu la faculté d’agir dans l’attente du déluge. Lire la suite Pour une République du temps retrouvé

Réaffirmer le politique : pour une Constituante élue

Contre l’arbitraire du tirage au sort —

Alors qu’un récent sondage évalue à deux tiers la proportion de Français jugeant les institutions de la Ve République dépassées, l’approfondissement latent de la crise démocratique est aujourd’hui indéniable. Elle peut être appréhendée sous deux angles majeurs : la hausse tendancielle du taux d’abstention à chaque scrutin d’une part, et la dynamique relative de l’extrême-droite, c’est-à-dire le penchant pour une réorganisation réactionnaire de la vie en société doublée d’une reconstruction du pouvoir politique sous des formes autoritaires d’autre part. D’aucuns observeront en outre que les alternances du bipartisme camouflent mal l’homogénéité et la continuité d’une même politique, laquelle s’articule qui plus est autour des intérêts minoritaires et particuliers des classes dominantes, où pouvoirs politique et économique sont combinés à un niveau assez élevé pour s’inscrire avec profit dans les structures sociales de la mondialisation. Lire la suite Réaffirmer le politique : pour une Constituante élue

La fronde, symptôme de la déliquescence du politique ?

S’il fallait dresser le diagnostic de la déliquescence politique qui gagne le pays, peut-être faudrait-il finalement s’intéresser en premier lieu au symptôme navrant mais ô combien révélateur de la « fronde » qui remue les rangs socialistes. La crise civique – progression inexorable de l’extrême-droite corrélée à une abstention structurelle – repose en réalité sur une crise diffuse de la faculté d’agir, c’est-à-dire de l’exercice de la souveraineté : apathie ou ressentiment des gouvernés d’une part, trahison des gouvernants et affaiblissement de l’appareil d’État d’autre part. À ces lésions politiques sur lesquelles purule le franchouillard-nationalisme, s’ajoute aujourd’hui le phénomène des « frondeurs » initié par « l’appel des 100 ». Lire la suite La fronde, symptôme de la déliquescence du politique ?

Le triomphe de l’extrême-droite ou la crise de la faculté d’agir

Dans quel état d’inconséquence politique sommes-nous tombés ? Que s’est-t-il passé ? Rien, ou si peu. La victoire de l’extrême-droite aux élections européennes vient de loin, elle s’est avancée lentement, en pleine lumière ; et pourtant rien n’est advenu pour l’endiguer, les grands appareils idéologiques ont continué leur ronde funèbre comme si de rien n’était. Et depuis ? Toujours rien. C’est sans doute le pire, d’ailleurs : la vacuité qui règne dans les rangs du pouvoir pendant que la dislocation démocratique s’accentue paisiblement. Et voilà que le pays de la grande Révolution donne au monde le pathétique spectacle d’une entreprise familiale bouffonne comme seul recours politique dans les urnes à moitié vides du suffrage universel.

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Médias numériques et anticapitalisme

« Quelle aurait été l’analyse de Guy Debord des médias à l’ère du numérique ? Le militant révolutionnaire, auteur du célèbre ouvrage « La société du spectacle » publié en 1967, plaçait le média télévision au cœur de sa critique. Mais près d’un demi-siècle plus tard, l’émergence des réseaux sociaux, des blogs et des pure players bousculent les médias traditionnels dont le fonctionnement prive le public de son expression critique.  Alors la société du spectacle dans les médias est-il un concept dépassé ? L’invité de Xerfi Canal, Clément Sénéchal, auteur et spécialiste des médias sociaux, a, lui, tenté de donner une tonalité actuelle à la réflexion de Guy Debord…» Voir l’entretien vidéo sur le site de Xerfi Canal.

Le zinc de Clément Sénéchal